La République Démocratique du Congo (RDC) a récemment commémoré le "Genocost", un terme désignant le génocide congolais pour des gains économiques, à Kisangani, marquant une étape significative dans la reconnaissance des atrocités subies par le peuple congolais. Cette cérémonie a eu lieu le 2 août 2024, après une première commémoration à Kinshasa en 2023, et a rassemblé des autorités nationales et locales, ainsi que des membres de la société civile, pour rendre hommage aux millions de victimes des conflits armés qui ont endeuillé le pays depuis plusieurs décennies. Le point d'orgue de cet hommage s'est déroulé dans la commune de Makiso, au cimetière des victimes de la guerre de 6 jours, où est érigé désormais un monument aux victimes de cette tragédie.[1]

La Cérémonie de Kisangani

Le point culminant de cette commémoration s'est déroulé dans la commune de Makiso, au cimetière des victimes de la guerre de six jours, où un monument a été érigé en mémoire des victimes. La Première ministre Judith Suminwa, représentant le Président Félix Tshisekedi, a déposé une couronne de fleurs et s'est inclinée devant la fosse commune où reposent les corps de familles entières, témoignant de l'horreur des violences subies. Ce moment de recueillement a été empreint d'émotion, notamment pour la seule rescapée d'une famille décimée par une bombe lors des affrontements entre les armées rwandaise et ougandaise.

Au cimetière, trois stèles symbolisent les différentes catégories de victimes : celles tuées lors des agressions étrangères, celles dont les corps ont été jetés dans le fleuve Congo et la rivière Tshopo, et celles enterrées dans des cimetières de fortune. La Première ministre a reçu des explications sur la symbolique de ces monuments, soulignant l'importance de la mémoire collective dans la lutte contre l'oubli des atrocités passées.[2]

Un Message de Solidarité Nationale

Lors de cette cérémonie, le gouvernement congolais a exprimé sa solidarité envers les victimes et leur famille, affirmant que la nation ne les oubliera jamais. Le Président Tshisekedi a également lancé un appel à la mobilisation générale contre l'agression continue du Rwanda sur le territoire congolais, soulignant que les massacres ne sont pas seulement des souvenirs du passé, mais des réalités persistantes.

Cette journée a été instaurée par la loi n°22/065 du 26 décembre 2022, et elle vise à rappeler à la communauté nationale et internationale les atrocités subies par le peuple congolais.

Les autorités ont également prévu des activités commémoratives dans toutes les provinces, avec des cultes et des messes pour honorer la mémoire des victimes. Le drapeau national a été mis en berne, symbolisant le deuil national et la volonté de ne jamais laisser ces événements se reproduire.[3]

Résonance Internationale et Appel à la Reconnaissance

Le "Genocost" ne se limite pas à une simple commémoration ; il représente un plaidoyer pour la reconnaissance officielle du génocide congolais. La RDC, riche en ressources naturelles, a été le théâtre de conflits alimentés par des intérêts économiques étrangers, et cette journée vise à sensibiliser la communauté internationale sur la nécessité d'une justice pour les victimes. Les organisateurs de cette journée, notamment la plateforme Congolese Action Youth Platform (CAYP), cherchent à établir le 2 août comme une date de mémoire, rappelant les pertes humaines considérables dues à des conflits motivés par l'exploitation des ressources.

Représentante personnelle du Président de la République Félix Tshisekedi, la Première ministre Judith Suminwa est allée se recueillir et rendre hommage, au nom de la nation congolaise, aux compatriotes victimes des violences sexuelles liées aux conflits ainsi qu'aux victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité en République Démocratique du Congo (RDC). Accueillie sur ce site par le directeur général du Fonarev Kevin Ngunga, la cheffe du gouvernement a reçu des explications techniques et historiques sur le site ainsi que la symbolique de chacun des éléments mémoriels.[4]

Engagement pour la justice

Au rythme de la fanfare de la garde républicaine, la représentante du Chef de l’État a fait sa procession depuis l'entrée jusqu’au pied des trois stèles qui surplombent le mémorial où elle a déposé une couronne des fleurs. La Première ministre Judith Suminwa a également intégré des actions dans le programme d'actions de son gouvernement pour renforcer les mécanismes de justice transitionnelle, incluant des poursuites judiciaires contre les auteurs de crimes. Ce programme vise à garantir que les victimes reçoivent la reconnaissance et la réparation qu'elles méritent, tout en promouvant la réconciliation nationale.

Madame la première ministre Judith Suminwa s’est aussi inclinée devant la fosse commune n°1 où gisent les corps de 8 membres d’une même famille tués par une bombe dans les affrontements entre les armées du Rwanda et de l’Ouganda sur le sol congolais.

Ce fut un moment de grande émotion pour la seule rescapée de cette famille qui a témoigné devant la première ministre 24 ans après cette horreur pour marquer l'hommage solennel et national rendu à ses proches parents. Dans ce cimetière qui abrite désormais 3 stèles représentant chacune une catégorie des victimes. La stèle du Centre est dédiée à tous les Congolais victimes des agressions du Rwanda et de l’Ouganda. En effet, du 5 au 10 juin 2020, les troupes des armées de l’Ouganda et du Rwanda se sont affrontées en plein ville tuant des milliers des personnes prises au piège sous les balles. La ville de Kisangani avait alors servi de champ de batailles aux deux belligérants étrangers.[5]